L’Eglise est un peuple.

Samedi 15 mars 2003 — n° 1399

Le mot Eglise signifie "convocation". Il désigne l'assemblée de ceux que la Parole de Dieu convoque pour former le Peuple de Dieu et qui, nourris du Corps du Christ, deviennent eux-mêmes Corps du Christ. Vivre avec le Christ, c'est ce à quoi tendent les chrétiens. Méditer la Parole de Dieu conforte le chrétien et le confirme dans sa foi au Christ. Cette Parole lui découvre la richesse extraordinaire laissée sur cette terre pour le Salut de tous. Mais le chrétien sait aussi d'où il vient, il connaît l'histoire de nos premiers parents, il sait que, depuis leur chute, l'homme est pécheur. Le chrétien n'est pas un désespéré, il a la certitude que le Christ, seul Sauveur de l'Humanité, est venu sur cette terre pour racheter cette humanité. Le chrétien est un pardonné, un racheté, debout et libre, confiant dans la miséricorde infinie du Créateur.

Ces quelques lignes d'un laïc, heureux de vivre en Eglise mais qui souffre aussi de ses faiblesses, qui sont nos faiblesses. Qui souffre également, comme beaucoup de ses frères, des attaques incessantes des médias contre cette Eglise, attaques continuelles, aux thèmes inlassablement répétés, ressassés, obsédants, pleins de malice... Bien sûr, l'anticléricalisme d'antan n'existe plus guère. Lui aussi a muté, d'agressif qu'il fut au début du siècle dernier, il est devenu doucereux, insinuant, il tente de convaincre le peuple fidèle qu'il œuvre dans son intérêt ! On trouve même des revues, se présentant comme chrétiennes - comme la lyonnaise "Golias" - qui se proposent d'aimer l'Eglise en la discréditant par l'attaque de ses pasteurs, ou en développant certains scandales. Dernièrement, des amis me faisaient part de leur indignation, pour ne pas dire de leur colère, au sujet d'une émission radiophonique mettant, à nouveau, en cause le pontificat de Pie XII. Enfin, après beaucoup de tristes cas de prêtres fautifs, toujours commentés avec délices, celui d'un curé, du diocèse de Sees dans l'Orne, soulève, comme toujours, la question du célibat ecclésiastique, plus exactement du mariage des prêtres.

Quelques réflexions au sujet de ces deux exemples: Remarque préalable: l'information et la communication sont en cause. On a coutume de se plaindre du pape surtout des évêques, lesquels seraient trop silencieux vis à vis de certaines questions débattues en public par les médias. Peut - être, à certaines occasions, on pourrait attendre "un peu plus de nerfs" de la part de nos pasteurs mais ils savent, par expérience, combien ces médias si complaisantes pour les fauteurs de scandales sont peu empressés de leur donner la parole. Pour une page offerte au malheureux qui a chuté on octroie en réponse quelques lignes ou un petit encadré de l'Evêque ou du représentant du Clergé. Ce n'est donc pas au pape ou aux évêques qu'il faut s'en prendre, mais aux responsables de la communication. Rappelons, à ce propos, la lancinante question des "silences" de Pie XII. Le but de cette odieuse campagne de dénigrement qui dure depuis plus de cinquante ans, consiste à faire de Pie XII le porte - parole de Hitler, du racisme, et bientôt, si j'en crois certaines lectures, l'inspirateur de la Shoah, donc de l'antisémitisme, lui - même - à leurs dires - bien implanté dans l'Eglise. J'ai envie de répondre, et je n'engage que moi: ces gens - là se foutent du monde... et des catholiques en particulier. Et je n'hésite pas à aller plus loin, non pour imiter une façon de faire malhonnête et menteuse mais pour ouvrir mieux qu'une polémique, une "dispute" au sens ancien du terme, c'est à dire un affrontement ferme sur un sujet rabâché. De plus ce sujet, outre qu'il agite les passions, est aussi - et ce n'est nullement négligeable - de bon rapport en argent. Ce n'est pas le pape qu'il faut accuser, au sujet de l'hitlérisme. Pie XI a travaillé avec le futur Pie XII à l'élaboration de l'Encyclique "Mit Brennender Sorge". Le futur Pie XII, alors Secrétaire d'Etat du Saint Siège, a fait lire ce brûlot contre Hitler dans toutes les Eglises d'Allemagne. Ce texte était la première condamnation solennelle du racisme, des camps de concentration, de la violence. Ce texte fut envoyé à tous les chefs d'Etats de l'époque. Que firent - ils de cette Encyclique ? La comprirent - ils ? On se garda bien de la diffuser, aucune politique ne prit au sérieux l'avertissement pressant du pape à la veille d'une déflagration mondiale sans précédent. C'est le pape qui fut le premier résistant, face au racisme antisémite comme au fascisme. Quelques irresponsables primaires allèrent jusqu'à dire que le pape n'avait pas à se mêler de politique, ni à s'immiscer dans les affaires intérieures des Etats. Ajoutons que l'Encyclique précédait de peu l'initiative des pires détracteurs de l'Eglise lesquels premiers collabos, s'allièrent à Adolphe Hitler, le 23 août 1939.

L'autre question regarde la faiblesse de certains prêtres. Je voudrais rappeler à tous ces gens du dehors qui se soucient tellement de la vie interne de l'Eglise, que celle - ci n'a jamais prétendu qu'un membre baptisé, prêtre ou laïc, était parfait, pur et sans péché. C'est tellement vrai que le Christ, Fils de Dieu qui a, seul, le pouvoir de remettre les péchés, à justement donné à l'Eglise en la personne de ses Evêques et prêtres le pouvoir de remettre les fautes et de réconcilier les pécheurs avec Dieu. Relevons également que le nombre des prêtres fautifs est peu élevé. On parle, répétons - le, davantage de leurs cas que de ceux innombrables qui s'épuisent par la parole et l'exemple à témoigner par le sacrifice de leur vie au soutien du grand nombre. On se dédouane facilement en louangeant un abbé Pierre ou une mère Térésa - et c'est très bien - mais il existe - et nombreux sont ceux qui pourraient en témoigner - des milliers et des milliers de chrétiens qui sont immolés et offerts pour le Salut des Pauvres. Des saints et des martyrs, dans le monde entier, deviennent le "Sel de la Terre" en vivant le Christ parmi les nations. Pour ce faire l'Eglise obéissant à son divin fondateur, comme à la foi transmise par les Apôtres jusqu'à la fin des temps, demande à ces prêtres mais pas seulement à eux, à des religieux, à des laïcs, d'observer la chasteté, de renoncer au mariage, en toute liberté, après méditation et instruction longue et réfléchie. De renoncer au mariage par amour de Dieu les rendant disponibles pour le service des hommes. Pour les mêmes raisons qui n'appartiennent qu'à Dieu mais que bien des chrétiens comprennent, seuls des hommes peuvent être ordonnés. Le fameux "mariage des prêtres" n'arrangerait pas grand - chose; le clergé d'Orient qui permet le mariage avant l'ordination diaconale, avoue connaître bien des difficultés... Accepter la prêtrise est une réponse à un appel. Nul ne choisit sa vocation, c'est Dieu qui appelle.

Ces discussions sans fin de questions résolues mais dont il ne faut évidemment pas en refuser les difficultés, témoignent de l'ignorance de ce qu'est l'Eglise dans sa profondeur et son Mystère; dans sa beauté, son inépuisable amour de tout humain ici - bas. Parfois l'ignorance, importante sans nul doute, est surpassée par la malice. Le Tentateur, père du Mensonge est toujours à l'œuvre. C'est pourquoi, par la prière et la pénitence indispensables pour desserrer certaines étreintes, il faut porter la Parole de Vérité, la splendeur de la vérité qui délivre. Les fautifs sont nos frères, personne n'est rejeté en Eglise, le pardon de Dieu est toujours possible quelle que soit la faute.

Le Carême dans lequel nous venons d'entrer, nous les chrétiens, peuple de Dieu, est le temps réservé à toutes ces intentions. Nous comptons sur les médias afin qu'elles parlent du Carême autant qu'elles ont parlé du Ramadan. Toutes les prières sont agréables au Très Haut, elles servent au Salut de tous les hommes.

Georges Sauge.

Retour