Irak : Image significative d’un monde futur...

Samedi 19 avril 2003 — n° 1401

La guerre en Irak est plus qu'une guerre, c'est un événement qui intéresse le monde entier, pour aujourd'hui et pour demain. Car en ce qui nous concerne, c'est aussi la signification d'un événement qui retient notre attention. L'affaire dramatique de l'Irak n'est pas qu'une péripétie limitée dans le temps mais une séquence qui s'insère dans la trame de l'histoire.

Tout, ou presque, a été dit sur cette guerre aussi insolite que surréaliste. De l'avis du grand nombre, comme de ceux qui ont en charge la conscience et les valeurs de la civilisation, elle n'est ni morale, ni légale, une fois encore les petits, les pauvres innocents sont les plus touchés dans leur chair et dans leurs humbles demeures. Ainsi, en notre époque qui se targue de progrès, de sociétés évoluées, de recherche de la Paix, de découvertes prodigieuses aux bénéfices de la santé, de la science, du confort, quel spectacle nous offre cette époque orgueilleuse ? Celui d'un pays réputé le plus fort et le plus riche du Monde, pourvu d'industries gigantesques, de ressources de toutes natures, d'une armée dont la puissance défie toute concurrence. Cette armée équipée des armes les plus sophistiquées, d'une logistique considérable soutenant une marine répartie sur toutes les mers du globe, une aviation aux multiples catégories enfin une puissance financière écrasante; ce pays aux 50 états groupant 265 millions d'habitants déclare la guerre à un petit pays lointain possédant 23 millions d'habitants, au prétexte qu'il est gouverné par un dictateur sanguinaire, lequel surtout posséderait des armes dangereuses pour l'humanité. Les Etats-Unis gouvernés par Monsieur George W. Bush et son équipe, ignorants les rapports des inspecteurs, dépêchés sur le territoire Irakien depuis des mois, lesquels rapports ne signalaient aucun engin prohibé, envahissent l'Irak et en quelques semaines arrivent dans la capitale: Bagdad, dans l'illégalité puisque sans aval de l'O.N.U. Que représentait l'Irak devant le rouleau compresseur américain ? Rien, ou presque... Quand on réalise que l'Amérique, en plus de la flotte classique, a envoyé dans le golfe cinq porte-avions alors que l'armée Irakienne n'existe pratiquement pas: pas un bateau, pas un avion, pas un char blindé moderne, pas d'artillerie lourde, pas de communication, simplement quelques formations disparates portant mitraillettes, fusils et couteaux... Pourtant les Irakiens se sont défendus, et qui oserait leur reprocher leur patriotisme ? Le peuple Allemand s'est battu malgré Hitler, comme le peuple Russe malgré Staline. Reste la misère poignante des victimes civiles innocentes, telles cette vieille femme écrasée de douleur, tombant sur le sol de l'abri ouvert par l'Evêque catholique de Bagdad. Les missiles et les obus, pourtant réputés aussi intelligents que ceux qui les lançaient, se trompèrent souvent d'objectifs au point de confondre amis et ennemis.

Alors quels commentaires suggèrent ce triste épisode de notre temps ? Quelle analyse satisfaisante présenter aux gens désireux d'une paix véritable ? Les deux prétextes principaux invoqués par les Américains sont — rappelons-le - que le pays est dirigé par un dictateur despote, menaçant la sécurité mondiale et que ce dictateur possède des armes de destruction massive. Or ces deux points font difficultés. Pour le premier point c'est vrai: Saddam Hussein est un redoutable tyran - admirateur de Staline - criminel, égoïste, se voulant un Satrape à la manière d'un Nabuchodonosor se prélassant dans des palais des Mille et une Nuits. On pouvait s'en débarrasser autrement qu'en inquiétant toute la planète; tuer des milliers d'innocents pour punir un coupable n'est pas d'une sagesse exemplaire. La vérité est que Saddam Hussein fut un "ennemi précieux" qu'il fallait protéger pour tenir le rôle de "prétexte". Quant au second point, les troupes d'invasion, malgré leur célérité, n'ont rien trouvé; il fallait donc croire l'honnête Monsieur Blix, responsable de l'inspection du territoire Irakien, lequel confirmait l'absence des dépôts d'armes recherchés. Les deux prétextes sont donc caducs; ils deviennent vraiment fallacieux. Et, en bonne logique, les Américains devraient donc déguerpir au plus tôt.

En vérité le but de George W. Bush - et de sa volée de faucons, sans oublier une harpie, sorte de faucon au féminin - était de s'assurer le contrôle du pétrole et par le pétrole le contrôle du Moyen-Orient donc, pratiquement, du Monde. Et n'oublions pas que l'immense Chine communiste, dans peu de temps, aura besoin de pétrole. Nous allons, quoi qu'on en dise, vers un choc d'une nouvelle nature, à la fois un choc de civilisations, de religions et même d'idéologies. Au risque de surprendre, et je ne suis pas le seul à penser ainsi, la crise de l’Irak, révèle surtout la crise des Etats-Unis. Comme tous les Empires au cours de l'Histoire, quand ceux-ci arrivent à l'apogée de leur puissance, c'est le déclin qui menace. Le récent empire soviétique, réputé invincible, en fit récemment l'amère expérience en peu de temps; colosse aux pieds d'argile il s'écroula dans son dernier sursaut au mur de Berlin. C'est pourquoi l'idée Marxiste conquérante se débarrasse du poids des Etats trop lourds et préfère libérer l'idée aux dépends d'étapes temporaires stratégiquement dépassées. C'est là, toute la stratégie actuelle du Trotskisme qui a très bien discerné que le capitalisme triomphant d'aujourd'hui et ce sur le plan mondial, va entrer en état de faiblesse. Fidèle à une perspective historique basée sur la pratique de la dialectique, le Marxisme des temps nouveaux, liquidant aujourd'hui la stratégie ancienne, ira jusqu'à soutenir, tactiquement, pendant un temps, la mondialisation capitaliste menée par les Etats-Unis. Cette mondialisation permettant au Trotskisme de se mondialiser à son tour afin de lutter sur le même plan contre la mondialisation bourgeoise en prochain déclin. Cet affrontement titanesque peu évident en ses débuts - comme le fut d'ailleurs le Léninisme en 1917 - sera sans doute estompé à la vigilance de beaucoup d’observateurs, par une sorte de brouillard pseudo-religieux, qui tentera de donner à l'Etat le plus fort, l'apport d'un messianisme ancré dans le Nouveau Monde depuis ses origines. Issu du protestantisme anglais ce messianisme, rompant avec Rome, s'établit en Terre nouvelle où la mosaïque des nombreuses familles chrétiennes pava le Territoire des pionniers. Episcopaliens, Presbytériens, Evangélistes, Méthodistes, d'innombrables pasteurs rêvent toujours de conquérir le Monde. Des missionnaires Baptistes campent déjà dans les fourgons américains. Ce qui donne une base défendable sinon morale à la conquête du pétrole, vecteur de positions stratégiques. Ne triomphons pas trop, nous les Occidentaux; notre opposition à la guerre menée par les Etats-Unis ne signifie nullement une rupture. Pour dire les choses un peu brutalement, comme l'écrit la Lettre d'André Noël: les uns font la guerre pour le pétrole, les autres veulent la paix pour le pétrole. Pourtant, l'affrontement prévu pour le futur est une question plus profonde - comme nous venons de le résumer et nous y reviendrons - que la possession du pétrole qui est un enjeu de transition vers un monde nouveau. L'occupation de l’Irak est un moment d'une longue période qui s'installe. Déjà, par l'affaire Irakienne, les Etats-Unis ont fait, contre eux, l’union du Trotskisme et de l’Islamisme.

Face à ces intentions infernales existe-t-il un remède suffisamment puissant et efficace ? Oui, il existe: c'est la promesse de Jésus-Christ qui a vaincu l'esprit Malin de ce Monde. De telles ténèbres ne peuvent être dissipées que par l'Evénement Unique du Jour de Pâques, La Résurrection du Sauveur de l'Humanité, Celui qui annonce l'Amour et la Paix.

Georges Sauge

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