Dieu partout

Samedi 28 Juin 2003-n°1405

     Ce titre peut paraître provocateur à certains, à d'autres plutôt puéril. Mais, après tout, j'exprime ici ce que pensent, en principe, les chrétiens et, à l'heure qui est la nôtre, il est bon d'affirmer nettement et publiquement sa foi. Dieu est Créateur de toutes choses qui sont dans le ciel et sur la terre. « La religion Judéo-Chrétienne est la religion historique de l'Humanité », c'est ainsi que la Charte de notre famille spirituelle définit notre conception de l'Histoire humaine. Aujourd'hui, ce genre d'affirmation peut paraître - répétons le - insolite, voire déplacé.

     Au moment où l'affrontement religieux bat son plein au sujet de la Constitution Européenne, il n'est pas mauvais que chacun puisse s'exprimer, en particulier les laïcs chrétiens dont c'est le rôle à la fois religieux et politique. « La Messe est dite. Il n 'y aura pas de référence à Dieu ni à une quelconque religion dans la future Constitution Européenne ». C'est Henri Tincq qui l'écrit dans le journal « Le Monde ». Et de se poser la question : en Europe, Dieu en disgrâce ? Sûrement et pas seulement en Europe mais dans le monde entier. La société semble avoir donné congé à Dieu. Cet événement majeur appelle donc réflexions et commentaires. Cette affaire de Constitution déclenche partout dans les médias un prurit d'études, d'enquêtes, de consultations, d'où il résulte souvent que la religion chrétienne est à bout de souffle, que les églises se vident, que les vocations sacerdotales se raréfient. L'Eglise est en déclin - prétend-on - mais en même temps, on est prudent, on dit qu'il s'agit de structures, que le catholicisme n'est pas mort. Et l'on a bien raison d'être aussi circonspect car, dans le même temps, on nous montre des photos de rassemblements, tant à Rome que dans tous les continents, qui témoignent d'une vitalité puissante, d'un enthousiasme extraordinaire, d'une jeunesse aspirant vers le haut. Autrement dit, ceux qui parlent de déclin sont, quelque part - comme on dit maintenant - quelque peu jaloux du succès et de l'Eglise et de son pape. Qui, dans le monde, égale le pape ? Nous avons ici même et souvent exprimé nos inquiétudes quant à la situation actuelle de notre Eglise et de son devenir, nous n'en sommes que plus à l'aise pour dire notre certitude basée sur beaucoup d'observations que l'apparente faiblesse religieuse de ce temps est une péripétie, comme il est constant dans l'Histoire. La religion du Christ va connaître un renouveau dont on ressent déjà les prémices... Alors, les Constitutions humaines...

     Parlons - en tout de même. Certes on peut regretter - on doit même déplorer - L'absence de Dieu et de la religion chrétienne dans le Préambule de la Constitution Européenne; la décontraction de certains chrétiens à ce sujet est souvent pénible à constater. Certains se contentent de peu, il parait qu'un certain article de cette Constitution permettra aux autorités de demain de dialoguer avec les religions en tant que représentantes des bases de la civilisation. Très bien, mais enfin le chrétien Européen est absent et, par manque de foi et de courage, se retrouve perdant. On se retranche derrière des raisons diplomatiques ou culturelles; ce qui est plus sérieux est que, sous le couvert du respect de la laïcité, c'est le laïcisme qui l'emporte. Rayer Dieu est déjà grave pour les croyants de l'Europe mais on n'hésite pas à le remplacer par des concepts ou des apports qui sont païens dans leur essence. Bien sûr, nous avons tout respect - et plus encore admiration - pour les civilisations grecques. romaines. égyptiennes. cela n'empêchait nullement de mentionner l'apport chrétien, fondamental de la civilisation en Europe. On nous parle aujourd'hui de la deuxième religion en France, la religion musulmane sans doute, mais comme le rappelle l'Archevêque de Paris, le Cardinal Lustiger, il ne faut pas, pour autant, oublier la première. Que l'on me permette une autre remarque importante: seule la religion chrétienne est issue d'une prédication, elle nous fut apportée par l'Orient par des Syriens et des Grecs en particulier qui obéissaient aux paroles du Christ: « De toutes les Nations faites des disciples (Mt 28.19), en les baptisant au nom du Père et du Fils et de l 'Esprit Saint ». Les autres religions existent par transfert de population, elles n'ont pratiquement converti personne. Le christianisme est implanté partout et le nombre de monuments de tout genre, d'églises ou d'¦uvres d'art est stupéfiant sur tout le sol Européen, seules les idées fondatrices laissent de telles traces. Autrement dit, à l'heure où l'on exalte, à très grands cris, les bienfaits de la démocratie c'est, dans la Constitution Européenne, la minorité qui gagne. Qui peut comparer ses propres chefs-d'¦uvre avec le nombre de nos sanctuaires. Ils se vident - dites-vous -, ils se remplieront un jour. La religion est un fait, ce n'est pas une opinion.

     En attendant, en plus d'apports que nous apprécions hautement, sont mentionnées Les « lumières ». Le terme est nouveau bien qu'approprié à notre époque. Seulement nul ne peut nier sa connotation antireligieuse. Voltaire écrivait: « Je vois avec plaisir qu'il se forme dans l'Europe une république immense d'esprits cultivés : La lumière se communique de tous côtés ». De nos jours, il n'est plus de bon ton « d'écraser l'infâme » mais mieux - et plus habile - de l'oublier. J'entends déjà retentir la frappe des maillets scandant les batteries triomphales dans toutes les Loges Européennes !! Comme je l'ai souvent souligné, on nous parle beaucoup du culte, liberté du culte, liberté de pensée, liberté de conscience, liberté de religion. Ces genres de libertés existent et existaient même, hormis celle du culte, dans les camps de concentration d'Hitler ou de Staline. Il faut savoir et se persuader que la liberté du culte ne suffit pas aux chrétiens; ce qui importe, surtout dans l'avenir, est la liberté d'expression publique. On ne fonde pas une civilisation avec la seule liberté du culte. C'est l'Evangélisation publique qui intéresse les chrétiens, il n'est nullement question d'une affaire privée. Nous ne voulons pas encourir, de la part de la société politique, le reproche de dissimuler notre foi, notre Credo - ou de pratiquer un entrisme honteux -. Nous entendons être chrétiens en témoins d'exemple et de parole, et partout, car tout humain a besoin de Dieu. Contrairement à ce qu'écrit « l'Européen » Olivier Duhamel, nous pensons que la querelle sur Dieu n'est pas terminée.

     Pour ces raisons, l'affaire de la Constitution Européenne ne nous affecte pas tellement, au cours de leur longue histoire, les chrétiens en ont assumé d'autres. Au contraire notre zèle pour l'Evangélisation toujours nouvelle, toujours actuelle, n'en sera que plus actif.

     Ce monde sera conquis à Dieu en invoquant les premiers apôtres Pierre et Paul dont les fidèles de partout célèbrent la fête. Quand les hommes, jusqu'aux extrémités de la Terre, loueront Dieu comme l'a demandé son Fils Jésus-Christ, alors ce monde passera dans la gloire du Royaume.

Georges Sauge

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