Sauveur du Monde,
Viens à son secours


Lettre d’Information N° 1416, Samedi 13 Mars 2004


     ... Et donne - nous des temps meilleurs. Ces supplications en ce début de Carême sont, hélas, d'une actualité trop évidente. Comme la terre elle - même, le sol de la société mondiale est agité de soubresauts terrifiants. La misère des mœurs alterne avec les épidémies ravageuses comme le S.I.D.A., la malnutrition et surtout la guerre permanente. C'est le massacre ininterrompu des innocents, des vieillards, des malades, surtout des enfants mutilés, orphelins sombrant dans la violence et la débauche, privant ainsi la société de demain de la richesse de plusieurs générations. Qu'on l'admette ou non, là est le triste et gigantesque résultat de l'action destructrice des idéologies. Détruire les valeurs fondamentales de la civilisation tel fut et reste, le but premier des théories criminogènes afin de mieux conquérir, dans un temps à venir, des peuples diminués et sans base. Les hommes, devant un tel désastre, se montrent souvent impuissants pour contenir un tel courant tenant sa puissance d'un plan longuement mûri et savamment appliqué. Là où l'impuissance des hommes est incapable de réagir, seule, une minorité priante et active peut encore représenter un futur possible pour notre terre. Par la prière, Dieu seul, par son Fils Jésus - Christ, peut venir au secours du monde et lui laisser une Espérance de connaître des jours meilleurs.


     Quelle est donc, cette force, cette minorité sur laquelle peut compter notre monde déboussolé et comme devenu fou ? Evidemment, sur les humains de partout qui ont conservé le bon sens de prier Dieu, d'observer le droit naturel propre aux populations de toutes conditions, de toutes races et de toutes cultures. Cependant, le plus lourd de la tâche incombe à ceux qui ont reçu, sans aucun mérite de leur part, la révélation du vrai Dieu, le Grand Dieu qui n'est pas resté invisible aux hommes mais qui a envoyé ici - bas, comme promis aux jours de la faute originelle, un Sauveur. Le Sauveur s'est fait chaire parmi nous, Il est le seul Sauveur du Monde, les chrétiens, ceux de l'Eglise Catholique d'abord, se doivent de prendre conscience de l'état dramatique de l'humanité afin de redoubler du zèle apostolique et de révéler partout que le remède à tous les maux est parmi nous. Nous vivrons ainsi la Nouvelle Evangélisation. C'est bien là le souci de Celui et de ceux que le Christ a établi sur terre pour assurer notre Salut. Le Pape Jean-Paul II n'arrête pas, surmontant ses difficultés physiques, de parcourir les nations pour prêcher le seul Evangile du Christ. Et puis, il reçoit en permanence ses frères, qui partagent sa Mission, les Evêques Successeurs des Apôtres. Ceux-ci, se rendant régulièrement à Rome « au seuil » des Apôtres « ad limina apostolorum » sur la tombe de Pierre et de Paul.


     Les Evêques français reviennent depuis peu de ces visites romaines et de leurs rencontres avec le Père Commun du peuple de Dieu. Des commentaires nombreux, pas toujours heureux, ont rendu compte, de l'ensemble de ces visites. On n'a pas manqué de parler d'un sombre tableau, d'une situation interne de l'Eglise inquiétante, d'une désaffection manifeste de la foi. Notons que rien n'est vraiment neuf dans cette énumération; il n'est arrivé que rarement - et très rarement dans l'histoire deux fois millénaire de l'Eglise - qu'un tableau idyllique de la situation ait été dressé. Cependant, un bilan positif est possible, Monseigneur Vingt trois, archevêque de Tours, se félicite du succès de la pastorale des jeunes et même de voir augmenter le nombre des séminaristes. La demande des Baptêmes, surtout celui des adultes est réconfortante. Même si le nombre des pratiquants a baissé depuis des décennies, la foi des fidèles d'aujourd'hui est plus authentique, ils sont davantage croyants que pratiquants. Il n'est pas question de se cacher, pour autant, les grandes et graves difficultés de notre Eglise mais, les ayant estimées dans leur ampleur et leur vérité, il s'agit avec foi et confiance en l'Esprit Saint, de les prendre à bras le corps. Certes, comme l'a évoqué devant le Pape le Cardinal Barbarin, archevêque de Lyon, il est triste de constater le départ de prêtres, surtout celui de jeunes ordonnés; la foi, ne va plus de soi, même dans les familles chrétiennes, oui les nouveaux curés ont en charge cinq, huit, dix paroisses où les « signes » chrétiens d'autrefois disparaissent. Et puis aussi, prenons conscience que l'Eglise est attaquée partout, insidieusement, tant dans les médias, cinéma, théâtre, presse, livres, écoles, gouvernements, tout concourt à une persécution larvée, même souriante – oserais je dire- de l'Eglise du Christ.


     Il est temps d'être réaliste et d'assumer l'Evangélisation - comme le firent les premiers chrétiens -compte - tenu de la population à atteindre. Voulons - nous atteindre l'individu, le prêcher, le convertir, le baptiser ? Bien sûr, mais cette méthode a aussi ses propres limites. Car cet individu, lâché dans la société, sera confronté, comme le constate encore le cardinal Barbarin, « à une société elle - même très fragile qui n'incite pas à la prise d'engagements définitifs fondés sur des principes moraux droits ». Cette société moderne exerce sur l'individu, prêtre ou laïque, une pression d'autant plus forte que l'individu n'a pas suffisamment de maturité lui permettant de résister à la pression sociale. Il importe de ne pas s'en tenir à une seule forme d'Evangélisation mais de les pratiquer simultanément : Donc, aborder l'individu et l'opinion publique et pêcher les poissons de Haute mer. Pour ce faire, L'urgent est de détecter les prêtres et laïques solidement formés et aptes à provoquer l'appétit, à susciter l'enthousiasme, à proposer le souffle par la parole qui convertit, et qui nourrit finalement la pastorale. L'apôtre des temps modernes - lesquels sont des temps de brassage, de nivélation, de renversement des frontières et des langages - cet apôtre, se souviendra qu'ici-bas tout subit la loi du temps et que tout passe de l'état potentiel et dynamique à l'état actuel et organique. L'opinion nouvelle qui monte en minorité a déjà renversé l'opinion lourde et sclérosées de la société actuelle, Constantin s'est converti parce qu'il a flairé que la foi nouvelle renversait les idoles païennes. Pour un changement de la société, il faut d'abord vivre une période de haute tension idéale, vient ensuite l'organisation qui est un mal nécessaire, dans la mesure où s'affadit la tension idéale. Des idées qui ont atteint un grand nombre d'hommes tendent toujours vers un certain ordre. L'apostolat doit procéder d'une émotion, d'un réveil dans la conscience religieuse; le réveil de la foi est donc premier.


      Il ne faut pas oublier ou négliger ces bases de la psychologie sociale fondamentales pour une Evangélisation populaire et efficace de l'opinion publique. Il s'agit d'éviter la dispersion de nos forces, afin de parler d'une seule voix. Cet apostolat suppose aussi de former des équipes d'orateurs connaissant les lois de la parole publique. On parle comme on croit et comme en aime. Le Laïcat, dans cette pédagogie de l'Evangélisation, a - soyons en persuadés - un rôle déterminant à remplir. Cet aspect ne peut qu'enthousiasmer une jeunesse formée et priante. Susciter des Pêcheurs d'hommes est le geste prophétique pour notre époque. « Jésus, Fils de Dieu est Sauveur du Monde » comme le chante le Psaume 97: Dieu révèle sa puissance à toutes les Nations; sur toute la terre, pas d'autre dieu que Dieu.


Georges Sauge

 

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