Le spectre du Terrorisme.


Lettre d’Information N°1417du Samedi 27 Mars 2004


      Les tragiques événements de Madrid ne peuvent que soulever la réprobation mondiale des honnêtes gens. On est stupéfait d'une telle détermination dans le crime et l'horreur laquelle légitime la protestation unanime. Unanime certes, pourtant il se trouve quand même des individus s'adonnant à ces tâches criminelles, non seulement des fous et des assassins mais, beaucoup plus grave, des gens résolus, intelligents qui encadrent les faibles et les inconscients. Car, il faut de toute urgence poser la question: c'est quoi, ou qui, le terrorisme ? Des foules considérables, en Espagne bien sûr, et partout où le bon sens peut s'exprimer, se sont rassemblées contre le terrorisme, ce tueur universel. Finalement contre qui ? On a à faire ni à des hommes connus, ni - semble-t-il -à une cause à défendre ou à servir. On est donc, en quelque sorte désarmé devant un événement de cette ampleur. Des humains de chair et de sang, de ce sang qui coule sous l'effet des bombes, en sont réduits à protester devant un spectre. J'écoutais Laurent Fabius déclarer fort justement sur L.C.I.: « Nous sommes en guerre ». Certes, mais contre qui ? Qui personnalise la menace ? Nous sommes en guerre, sans ennemi visible. L'adversaire a réussi cet exploit de remplacer l'ennemi par un spectre. C'est paradoxal apparemment : nous sommes en guerre sans possibilité de nous défendre efficacement. Ne nous y trompons pas - déclarait à France 2 un spécialiste de ces questions, au sujet de la tragédie Espagnole, - « L'Espagne fut visée en tant que démocratie mais d'abord en tant que ce qu'elle est, comme le précise le document d'al quaïda: la Croisée ». Serait-ce pour cette raison que les responsables Européens répugnent à mentionner toute référence chrétienne dans la Constitution de l'Europe ? La peur ? Peur de dire ce qu'on est ?... Essayons donc de déterminer l'origine de cette guerre et surtout sa nature, ce qui en expliquerait, au moins sommairement, les effets redoutables que nous constatons de nos jours, et qui n'en sont peut-être qu'à leur commencement. Alors comment lutter face à un tel phénomène ? Au cours du siècle dernier, lequel se vit en partie ravagé par l'action subversive des idéologies, un slogan - résumant une crainte - circulait partout et s'imposait dans le monde politique: un spectre hante le Monde, c'est celui du communisme. En fait, peu de gens savait ce qu'était le communisme, l'ignorance ajoutait à la crainte et les rares initiés qui tentaient d'expliquer la nature que dissimulait ce spectre étaient rapidement disqualifiés faute d'être en mesure de démontrer ce qu'ils disaient.


     C'est, semble-t-il, ce phénomène de même origine qui continue une entreprise amorcée dès le milieu du l9ème siècle. Il s'agit aujourd'hui de prendre la guerre au sérieux car toute guerre exige qu'on regarde son adversaire avec sang froid, pour mieux contrecarrer ses desseins. De même qu'il fut difficile, hier, de contrecarrer nazisme et communisme, il apparaît que maintenant il sera encore plus difficile de démonter le système dans sa perspective globale et de le rendre évident à l'entendement des citoyens du monde. Contre toute attente, les idéologies opposées d'hier fusionnent aujourd'hui prenant comme base le matérialisme dominant de notre époque. La lutte de races et la lutte de classes, unies maintenant par l'émergence de la mondialisation, trouvent un terrain d'entente, comme un front commun, contre la société laquelle recèle encore nombre de ses propres valeurs. En fait, ce qui importe à long terme, c'est la destruction d'une civilisation basée sur le Dieu Créateur.


     La victoire de l'une ou de l'autre entreprise visant à la conquête du genre humain est impensable pour un chrétien. L'exploitation de l'homme, comme sa persécution à cause de sa foi, est incompatible avec le contenu du Message que Dieu nous a envoyé par son Fils Jésus-Christ.


     Ce qui se passe de nos jours - je parle du terrorisme - s'est, comme déjà dit, passé hier. Vers 1850-60 des ouvriers et des intellectuels athées, révoltés par la misère évidente qui décimait les milieux pauvres, sous le couvert de nihilisme ou d'anarchisme, se livrèrent, en Russie d'abord, puis en France et un peu partout, à l'attentat aussi bien contre les grands que contre les innocents. Chez nous, Proudhon avait donné le branle, en Russie, Bakounine appliqua la terreur avec méthode et persistance. Attitude qui arrangea les premiers Marxistes; cette action nihiliste sonna comme une alerte dans la société, ce fut une période d'agitation, d'avertissement. Action de préparation qui servit aux premiers essais de Marx et d'Engels puis, plus tard, de Lénine. Mais celui-ci, fort des nouveaux Principes qu'il introduisait s'éleva, en bonne logique dialectique, contre l'anarchisme sauvage, insuffisant à définir des bases solides d'une Révolution visant à changer la Société: De plus le Racisme version nazie et le communisme définirent pour la première fois dans l'histoire, une théorie à prétention eschatologique concurrençant la Religion. Le sens de l'histoire donnait ainsi aux peuples une raison purement et uniquement matérialiste de se battre pourvus d'une vision mythique du futur.


     Telle est, schématiquement exposé, l'enjeu mondial que prépare, dans le secret des Appareils, la version nouvelle du Marxisme à l'heure de sa Mutation mondiale, compte tenu de l'accélération de l'histoire et de sa précipitation prochaine. Aujourd'hui, dans cette perspective, c'est l'heure de Bakounine. Demain sera celle de Dimitrov qui, en 1935, comprenant dans une même désignation Fascisme et Capitalisme, établit pour longtemps la dialectique de la haine. Lorsque l'on déclare avec emphase qu'on est contre les extrêmes, en fait on est contre un extrême ce qui fausse la réfutation possible du terrorisme par les démocraties. La lutte contre le seul extrémisme du racisme fait le jeu de l'autre extrémisme.
On comprend l'embarras des analystes des Services des différentes nations, chargés de décrypter la situation interne des appareils clandestins. Une telle tâche est déroutante; pour la mener à bien, il faut une longue étude pratique des bases essentielles des théories fondant des initiatives apparemment contradictoires. L'étude d'un tel système, si toutefois cette étude est en cours, ne peut être, pour un esprit non averti, que consternante. La dialectique sous jacente se présente comme un paradoxe permanent; l'encadrement central, anime et contrôle des organisations souvent antagonistes, mettant aux prises les diverses formes ou expressions des nationalismes Le jeu est pervers, la logique difficile à discerner. Ainsi la classe ouvrière doit être redéfinie car, s'il existe encore des ouvriers, il n'y a plus de classe ouvrière, comme moteur de l'Histoire; il s'agit donc de faire émerger une force nouvelle comme un monde d'en bas, qu'on pourra, en temps défini, lancer ou relancer à l'établissement de la société sans classes, paradis sur terre. La guerre classique est obsolète, elle est maintenant permanente. C'est une entreprise gigantesque de destruction face à des démocraties hésitantes et fatiguées. Tel est le sombre tableau de l'action internationale du Trotskisme. Comme toujours, je le répète, je souhaite me tromper, je souhaite surtout qu'on ait le courage d'affronter la vérité et de débusquer l'adversaire. Cette situation est trop peu comprise et d'abord par les chrétiens; pourtant tous ces drames devraient les inciter à promouvoir un renouvellement politique à la hauteur des besoins de notre planète
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Le Christ est là, par l'Eglise et l'Esprit de Force
Avec la prière des pauvres et le sang des persécutés.
Courage et confiance. Il est parmi nous, jusqu'à son Retour.


Georges Sauge

 

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