L'Eglise pardonne et propose.
Lettre d’Information N°1419 du Samedi 1er Mai 2004
Comme beaucoup de baptisés, nous tenons
ici à exprimer notre joie et notre fierté de vivre en Eglise et
de la servir en un moment où elle a besoin du soutien de tout son peuple.
L'Eglise est amour, source unique du pardon. Comme nous l'a enseigné
son divin fondateur, il faut pardonner soixante dix sept fois, sept fois, ce
qui veut dire toujours. Si, de nos tristes jours, le monde voit couler tant
de sang, et du sang innocent, c'est que ce monde refuse le pardon. Soit qu'il
ignore cette très haute vertu, soit que l'esprit de haine l'emporte sur
l'esprit de paix. Le pape, Vicaire du Christ ici-bas, s'épuise à
en appeler aux responsables des Nations, aux décideurs de toutes puissances,
politiques, sociales et financières, afin que cesse la tuerie généralisée.
Dans bien des circonstances il est, certes, très difficile de vraiment
pardonner, il y faut réflexion, prière et une foi profonde en
la personne de Jésus-Christ, Fils de Dieu. Mais le pardon peut être
demandé à ceux des religions monothéistes, à tous
les Fils d'Abraham. Sans pardon, préalable fondamental à tout
dialogue fécond, pas de vraie paix possible, pas de projets pour une
civilisation stable, pas de constitution solide à long terme. Le message
permanent du pape au nom de l'Eglise est donc, en ces circonstances, une chance
pour les Nations chercheuses de sagesse.
L'Eglise appelle mais jamais n'impose. Elle propose.
Elle propose d'abord le Message du Dieu Créateur de toutes choses au
ciel et sur la terre. De ce message universel découle tout ce qui est
nécessaire à l'humanité; Ce Message est universel, il est
liberté, Vérité, Amour. Cependant, notre fierté
de servir l'Eglise - et par delà tous les humains - est ternie par le
refus de la société mondiale, d'essayer de pardonner afin de suspendre
les conflits en cours. Le Père Commun des fidèles va très
loin dans ses démarches comme dans ses propositions. Il fait acte de
repentance devant la conscience universelle pour toutes les faiblesses passées
et présentes, imputables aux chrétiens. Il est bien le
seul à faire un tel geste public de bon vouloir. On était
en droit d'attendre des réponses positives à de tels bras tendus.
Or, très curieusement, non seulement il n'y a pas de réponses,
sauf: bien sûr, quelques notes polies et diplomatiques, mais il n'y a
pas non plus d'enthousiasme. On peut même regretter, en bien des cas,
tant des milieux religieux que des milieux politiques, comme une certaine satisfaction,
un soulagement: puisque l'Eglise s'accuse, elle est donc la seule coupable,
les autres se découvrent blancs comme neige, comme gelés, tels
des fossiles, dans leur supposée innocence; toutes les guerres sont imputables
à l'Eglise, l'émancipation des peuples fût grippée
par la morale de l'Eglise, les Croisades constituèrent un attentat contre
les peuples, quant à l'antisémitisme c'est à peine si Hitler
est évoqué mais par contre c'est la position de l'Eglise dès
ses origines qui est la fautive première des exactions modernes contre
les juifs.
Un rapide survol des événements
dramatiques du moment révèle combien le mal est profond et, plus
grave et plus faux, on tente de démontrer, en toute malhonnêteté,
que le mauvais a germé en Eglise dès ses commencements. De son
temps Lénine, dans une lettre connue, se réjouissait de l'empressement
de la bourgeoisie et des curés à mobiliser des savants, des écrivains,
des politiques et des clercs contre le communisme, Lénine concluait:
ces messieurs font nos affaires en parlant de nous. Souhaitons alors que les
diatribes dirigées sans cesse contre le catholicisme aient un effet semblable
mais la propagande moderne a acquis une telle puissance qu'elle pervertit et
séduit une grande partie de la société. On ne peut qu'être
frappé de stupeur face à l'ampleur que revêt la lutte contre
tout ce qui est du Christ. Alors que quiconque, dans la société
mondiale, s'abstient de dénigrer par crainte, certaines religions, lesquelles
sont en plus souvent protégées par les lois, le déchaînement
contre l'Eglise ne connaît ni retenues ni bornes. Dans ce seul cas tout
est permis. C'est fou la quantité de journaux, de magazines, de revues,
d'émissions radios, de films télévisés qui attaquent
le christianisme. On est pareillement surpris de découvrir un nombre
hallucinant d'écrivains, de journalistes, d'historiens, d'exégètes,
de philosophes et même de théologiens, qui entendent en remontrer
à l'Eglise et au Pape, comme autrefois Grosjean en remontrait à
son curé. Du fait qu'il n'y a plus, hélas, de débats publics
et contradictoires, il est difficile de réfuter utilement les propos,
pourtant très discutables, de ces nouveaux et inattendus savants. Il
faut se méfier des échanges télévisuels, souvent
« arrangés » en ce sens qu'on oppose rarement des personnes
compétentes pour traiter de sujets aussi graves que la Passion du Christ
et sa Résurrection. Des auteurs comme Messieurs Jérôme Prieur
et Gérard Mordillat nous déroulent une sorte de feuilleton religieux
qui rencontre quelques succès auprès d'un public non averti et
souvent acquis d'avance à ces leçons données par des agnostiques.
Ce qui est plus lourd de conséquences est
que ces messieurs, non contents d'agresser la foi chrétienne en employant
des procédés peu acceptables, tentent, et quelque fois avec succès,
de réactiver de vieilles haines entre chrétiens et juifs. A ce
propos, pour ma part, ayant sous l'occupation Nazie participé avec mes
parents, à l'aide et au refuge de juifs poursuivis, je suis très
peiné de positions ou attitudes de certains milieux juifs qui parlent
de persécutions chez nous en France et qui envisagent de se réfugier
en Israël. Mesurent-ils bien ce que ces mots évoquent pour ceux
qui ont vécu ces périodes dramatiques? Il n'est pas question de
passer sous silence les gestes odieux antisémites, mais comment parler
alors de persécutions de la part du peuple de France qui n'est nullement
antisémite? Dieu merci, le nombre de juifs qui s'illustrent heureusement
en des milieux déterminants, comme la communication, le spectacle, la
politique, le journalisme, l'enseignement, ce nombre témoigne du contraire
d'un rejet ou d'un antisémitisme sous-jacent. Si les catholiques réagissaient
de cette manière lorsqu'on brûle une chapelle, qu'on saccage un
lieu de culte, qu'on attaque leur religion dans ses fondements et origines,
qu'on élabore des lois en contradictions constantes avec l'enseignement
des Evangiles, ce sont les chrétiens qui pourraient - et, qui d'ailleurs,
bien souvent peuvent se sentir persécutés.
J'écoutais récemment le «
Vert » Noël Mamert, incroyant, défenseur des Musulmans - ce
qui est bien - rappeler avec emphase que la religion Musulmane était
la « deuxième » religion de France et qu'il convenait de
lui construire des lieux de cultes, je pensais que cette opinion aurait mérité
quelques précisions. D'abord au sujet de la « Deuxième »
religion, il n'en faut pas pour autant oublier la première, laquelle
est de loin la plus représentative. La deuxième, on veut bien
qu'elle soit respectée certes, mais enfin je prends à ces propos
la défense du bon peuple. Pour celui-ci, en peu de temps, si une nouvelle
religion a surgi c'est vrai, mais c'est non par conversion, mais par transfert
de population. Et de surcroît, comme religion non chrétiennes,
cette religion était limitée à une communauté, pratiquant
ses coutumes, visible par son faciès, ses noms, sa langue, d'où
surprise des indigènes, peut être, mais pas rejet. Les chrétiens,
eux, ne se singularisent pas, Basques, Bretons, Bourguignons, Allemandes, Italiens,
Noirs, Jaunes ou Blancs, sont chrétiens sans pour autant présenter
un caractère ethnique particulier. Tous sont devenus chrétiens
par conversion, les missionnaires de l'Evangile, souvent venus d'Orient, sont
repartis après avoir porté la Parole, quand ils n'ont pas été
« retenus » par le martyre...
A part des mises au point de la part des Evêques
français, on peut observer une grande discrétion
de l'Eglise qui est en France. Elle sait rester silencieuse et taire bien de
ses déconvenues sans donner dans la plainte obsédante ou la revendication
continuelle, l'histoire récente en témoigne.
L'Eglise propose depuis 2000 ans, de cela est
née une Civilisation. Peut-être notre Monde détruirat-il
par haine cette civilisation. L'Eglise en proposera une nouvelle - toujours
fidèle à l'Evangile - toujours pour le bien de l'humanité,
dont elle est l'image. L'Eglise est l'humanité vraie. Même, elle
en annonce une encore plus belle et glorieuse.
Georges Sauge