Un seul Dieu
Lettre d’Information N°1430 du Samedi 19 Février 2005
Il y a peu, dans le cadre de réunions d'études
et de formation religieuse axées sur la Nouvelle Evangélisation,
nous reconsidérions l'ouvre des philosophes de l'Antiquité. Il
est intéressant de connaître les recherches de ces hommes de pensée,
lesquels honorèrent les pays de l'époque, de leurs concepts, longtemps
avant la venue de Christ sur cette terre. Pour nous limiter à la Grèce,
il est frappant de constater le hiatus entre ceux qui vivaient le mieux possible,
au sein d'une société païenne et très conséquente
avec le paganisme et d'autre part les "intuitifs", lesquels, sans
doute à l'écoute de leurs sensations, vivaient comme une intuition
que la réalité était plus vaste que les conceptions reçues
à leur époque.
Pour en venir à la nôtre, d'époque,
qu'on écoute ou lise certaines littératures "d'avant-garde"
-ou réputées telles- on se demande s'il ne s'agit pas pour certains
philosophes modernes d'un retour vers l'Antiquité, la simplicité
et la beauté en moins. Certes, de nos jours, des auditoires exigeants
se régalent encore des théories d'un Zénon développant
son stoïcisme, de Pyrrhon fondant à Elis la première école
sceptique, ou de l'épicurisme. La sagesse d'Epicure n'est pas toujours
comprise, celle-ci est plus une sagesse de joie et de rigueur que l'approche
de la licence ou de la débauche. Des philosophes actuels ou des écrivains,
en quête de versions modernes des vieilles philosophies, croient reconnaître
par exemple en Jean d'Ormesson une résurgence bellement écrite
d'Epicure lorsque celui-ci recherchait la paix du cour. Tout de même il
y eut un apaisement positif de la pensée et un progrès certain
avec des maîtres tels que Platon et Aristote. Bien sûr les "intellectuels"
d'aujourd'hui, agnostiques, brandissent la fameuse dialectique matérialiste,
laquelle est censée expliquer l'histoire du monde et son futur possible
dans la mesure où, politiquement, on applique cette dialectique afin
de changer la nature de la société. C'est dans sa nature que la
dialectique doit être étudiée, dans sa logique possible.
C'est à cause des conséquences récentes de cette logique,
avérées par les idéologies du XXème siècle
que les chrétiens, en premier mouvement, tendent à la rejeter
avec raison, car sa finalité est subversive et criminogène. Cependant
ces mêmes chrétiens se doivent d'être prudents en cette matière
et perspicaces en se livrant à cette occasion à un approfondissement
de l'Ecriture: "Si le grain ne meurt"...
Donc un chrétien ne doit pas prendre trop
vite position contre la dialectique telle que la définit Hegel, au nom
de la théorie grecque des essences comme le soulignait Filière
à l'institut Catholique de Paris. Ii se pourrait que le vieil Aristote
n'ait pas tout dit et que l'Evangile ait apporté au monde, une lumière
que la Grèce n'avait pas encore connue aux temps d'Alexandre. Le chrétien
ne peut donc pas, comme le Philosophe grec, faire abstraction du temps, puisqu'il
en attend la réalisation de ses espérances au jour où le
Seigneur reviendra.
Ce qu'il convient de prendre le plus au sérieux,
pour le temps qui est le nôtre, n'est pas tellement les quelques théories
évoquées plus haut, mais celle qui s'y ajoute et qu'on appelle
le cynisme. Et de même qu'on attribue au réconfortant et savant
Jean d'Ormesson un épicurisme de bon aloi, on répute, à
juste titre à mon avis, la version moderne du cynisme à Michel
Onfray. Avant d'aller plus loin jetons un coup d'oeil sur le cynisme des origines.
On rattache souvent l'école cynique à Diogène de joyeuse
mémoire. En fait il n'y a pas à proprement parler, une école
cynique, mais un fourmillement d'individus, lesquels se réunissaient
en un endroit boisé d'Athènes appelé le Cynosarge ce qui
signifie le "Chien agile", de kunos, le chien en grec. Evidemment
on pense au "Lapin agile" de Montmartre. Ce cynisme est la mise en
pratique de ce que Nietzsche appellera le "gai savoir", lequel "gai
savoir" récuse Dieux, lois, maîtres, autorités. Il
préconise la vie en autarcie, à contre-courant des modes et des
dogmes de toutes natures.
Si je cite aujourd'hui Michel Onfray comme cynique,
c'est bien à cause de la nature de son discours, lequel
rappelle les principes de Diogène. Bien sûr, il le précise
lui-même, il s'agit d'activer et d'actualiser ces principes et non d'évoquer
-ce qui est rassurant- les folles pratiques de jadis: se masturber en public,
habiter dans un tonneau, tirer un hareng derrière soi. De même
Michel Onfray, bien sûr et comme toujours dans ces genres de cas, assure
les croyants de son plus grand respect. Mais voyons le phénomène
Onfray d'un peu plus près. D'abord il est partout, avec un grand succès.
Pour le présenter et résumer sa pensée, un magazine titre:
Les Dieux en font-ils trop? Ce qui est certain c'est que lui Michel Onfray qui
n'est pas un dieu en fait beaucoup. Partout où émerge une possibilité
de réunir un auditoire, il accourt et, plus important, il s'implante
en fondant des Universités Populaires, soutenu qu'il est par des notables
culturels, sociaux ou politiques: université d'été à
Ajaccio, populaire à Lyon, Nord-Pas-de-Calais, en Septimanie, point central
Narbonne. Il vient de publier un traité d'athéologie. Comment
se présente-t-il? que dit-il? Sa présentation est bonne, jeune,
le verbe vert. Ce qu'il dit ou écrit n'est pas très nouveau mais
la nouveauté réside surtout dans la manière cynique dont
il le dit. Comme autrefois les cyniques ii représente, peut-être
à son insu, le fourmillement d'idées éparses et en essai
de convergence. Il se déclare disciple de Nietzsche ou de Voltaire et
de bien d'autres. Pour lui, l'ennemi du peuple, l'opium du peuple, le poison
permanent c'est le monothéisme, juif, chrétien ou musulman. C'est
ce monothéisme, basé -prétend-t-il- sur la haine du corps,
de la sexualité, du mépris de la raison, de la science, ces tares
des théocraties qui ont déterminé un fantasme de l'audelà.
Dieu et dieux ne font qu'un. Michel Onfray ne s'interroge sur rien et ce qui
est grave, il s'est avisé, sans en faire mention, du succès du
renouveau catholique, du développement de l'étude, des rassemblements
gigantesques des jeunes autour du Pape, des recollections, de l'activité
caritative et missionnaire. Alors face à une telle vague il se voue tout
à sa démolition. Il distingue les activités que nous venons
d'évoquer mais ne se pose jamais la question: Pourquoi? Cette activité
pourrait-elle avoir un rôle social? Non, tout ce qui est religieux est
nul, ne doit pas avoir droit de cité. Quant aux personnages religieux,
anciens ou modernes, aucun ne trouve grâce. Le portrait de Paul de Tarse,
haut en mauvaises couleurs, est significatif de la disposition de Michel Onfray:
"Juif hystérique et intégriste, sa tâche fut de névroser
le monde"!! Sans le savoir, pour le moment, je le crois, sa capacité
de démolition rejoint la pédagogie du matérialisme dialectique
et des activités multiples du laïcisme ainsi que la destruction
des valeurs, primordiale au militantisme communiste.
Lénine, lui, n'était pas pour l'action
anticléricale des anarchistes "à la Onfray". Dénoncer
Dieu était pour Lénine une propagande pour Dieu. Mais il se peut
que dans les conditions actuelles de la société, l'action anarchiste
et cynique de Onfray soit temporairement appréciée. Les difficultés
internes du P.C. et de la C.G.T., témoignent d'un grand débat
sur la cadence. Michel Onfray prend du poids dans l'opinion de notre pays où
dans les conditions actuelles, les jeunes et les moins jeunes sont en recherche
d'absolu. Un tel homme, armé d'une telle théorie et d'un savoir
faire certain, est un danger pour la foi, d'abord celle des faibles. Que les
chrétiens qui fréquentent, -me dit-on-, les réunions de
Michel Onfray se méfient. Pour l'apostolat ou le dialogue, le grand cour
ne suffit pas, il y faut aussi le savoir.
Il n a pas des dieux, il y a un seul Dieu.
Face à cette agitation antireligieuse,
antidivine, gardons notre confiance en Jésus-Christ. Suivons les conseils
du Pape admirable qui gouverne l'Eglise. Il n'est pas le Patron ou le "manager"
que supposent certains de ce monde, il est celui qui continue le Christ. Il
souffre. Rappelons nous que c'est cloué sur la Croix d'où coulait
son sang, que Jésus à sauvé le monde.
Georges Sauge
La doyenne de nos lecteurs fêtée pour sa centième année.
Madame Rose-Marie Lozi, mère de Noëlle Sauge, a eu 100 ans le 1er
Février.
Georges et Noëlle sont heureux des témoignages d'amitié et
de prières qu'elle a reçus.
La Rédaction