Importance de la Politique
Lettre d’information n°1446, Samedi 4 Février 2006
Il est nécessaire de convaincre les chrétiens
de considérer, avec plus de sérieux qu'ils ne le font présentement,
la politique. C'est le voeu du pape ainsi que des évêques et cela
se comprend. Le chrétien n'a pas pour mission de vivre en vase clos mais
d'être présent, en citoyen conséquent avec sa foi, sur l'agora.
Je veux dire sur la place publique; sans cette précaution je risquerais
d'affronter les foudres de ceux qui s'adonnent à cette nouvelle manie
qui consiste à ne vouloir parler qu'en langage dit moderne, avec les
mots de notre temps. Il est vrai qu'il est important d'employer des mots que
l'ensemble d'un peuple comprend; j'ai tenu des conférences et débats
publics pendant plus de cinquante ans, je connais donc l'impact des mots, des
phrases et aussi des silences. J'ai assumé des centaines de contradictions,
ce qui prouve qu'on m'avait bien compris! Et pourtant je parlais de politique,
de religion, de Dieu, de la Vérité, du pardon. Certes, des expressions
religieuses ou liturgiques peuvent poser problème, pour les résoudre
au mieux, je propose aux inquiets d'amorcer un essai d'Evangélisation
publique: monter à la tribune est une excellente école pour trouver
le langage qui convient. Les contradicteurs sont de très bons professeurs.
Quant aux faiseurs de leçons, en ce domaine, les amis se surpassent !
Seulement ce genre d'apostolat suppose une foi
solide et très solide aussi la formation. Le monde catholique considère
la politique avec frilosité, les jeunes surtout. C'est dommage, mais
cela s'explique. La jeunesse, en général, est déçue
par le spectacle, souvent très affligeant du milieu politique, de ses
magouilles, de ses roueries, voire de ses trahisons ou de ses scandales à
répétitions... il y a de quoi, en effet, rebuter un chrétien!
Les jeunes donc boudent la politique. Le matérialisme a développé
l'égoïsme, le repli sur soi, sur la seule famille, sur la seule
situation, sur son seul avenir, sur la seule sécurité. Pourtant
en vivant de cette façon, le plus grand nombre ignore les exaltants moments
de l'existence vécus à la dimension d'une région, d'un
pays, la chaleur de l'union fraternelle, de la prière sous les étoiles
autour du feu de camp; l'esprit du risque, le risque de l'aventure, la plongée
dans l'inconnu, la marche du pionnier, le jeune les ignore, il est déjà
un adulte qui compte, sa jeunesse est paralysée. Alors la "chose
politique" le rebute, il critique mais n'apporte rien.
Telle est, aujourd'hui, une grande partie de la
société, car on s'occupe toujours de la jeunesse en oubliant qu'elle
vieillit très vite. Le jeune chrétien doit aborder, fort de sa
foi, cette société qui s'achemine vers la décadence et
l'entraîner à la conquête de ce monde qu'il critique, car
au fond de lui-même il se sent porteur de qualités et de générosité.
Et bien si cette jeunesse est déçue par la politique, qu'elle
se rassemble et donne l'assaut à ce milieu qu'elle considère comme
pourri et qu'elle innove; elle qui est fleur d'humanité, qu'elle propose
une politique nouvelle !
Certes le tableau de la politique au plan mondial
n'est pas que décevant, il est inquiétant. Les idéologies
ont réussi le tour de force de faire croire à leur disparition,
le facisme est d'hier, le communisme écroulé. Il faut savoir faire
le tri politique et, lucidement, avoir le courage d'admettre la réalité.
Réputer sa référence théorique dépassée
est la suprême astuce des acteurs des systèmes criminogènes,
ce qui les prive de pouvoir exposer au grand jour, pour le moment, leur but
premier. C'est gênant, mais les conditions mondiales de l'opinion publique
sont telles qu'il serait négatif et même dangereux de s'étendre
sur "le sens de l'histoire" ou sur les méthodes de conquête
subordonnées aux impératifs stratégiques et tactiques.
Cet enseignement est réservé aux actifs des "appareils".
Les apparatchiks attendent "le moment". En cette attente, dans le
monde entier, la subversion parée des attributs les plus flatteurs marque
des points partout; ce n'est pas la gauche qui progresse mais le Trotskisme
qui se camoufle en elle. Ce que je critiquais dans un récent "Editorial"
au sujet du Chili, n'est pas la réussite de Michèle Bachelet,
c'est la manière d'énumérer, au lieu de son programme social,
des aspects de sa vie privée incompatibles avec le christianisme, mais
qu'on insinuait approuvés par un pays à majorité catholique.
Il y a place pour les chrétiens dans une gauche attentive et réceptive
à tous les apports, comme on l'avait compris en France aux jours d'Epinay.
Si une nation comme l'Italie se réputant chrétienne à 88%
-ou comme l'Espagne à peu près au même pourcentage- se laisse
dicter des lois antichrétiennes, cela prouve que les chrétiens
commettent l'erreur d'être trop absents du domaine politique.
Pour en rester, dans les limites de ce texte,
à la Stratégie mondiale de la subversion, les chrétiens
devraient comme l'a déclaré récemment un catholique éclairé
sur "France II à midi moins 7" après "Le Jour du
Seigneur": «Nous avons l'argent nécessaire pour enrichir et
sauver l'Afrique en développant ses immenses ressources et fixer ainsi
dans leurs pays les malheureux contraints, dans les pires conditions, à
l'exil». Un travail de conquête et non d'assistance est entrepris
en un plan colossal, par la Chine qui colonise l'Afrique. Mauritanie, Soudan,
Zimbabwe, Kenya, Tanzanie, Guinée Equatoriale, Angola, Mozambique, partout
la Chine communiste pousse ses pions. Tous les secteurs intéressent la
Chine qui a ouvert en 2004, 77 nouvelles entreprises en Afrique du Sud. Tout
l'intéresse surtout les matières premières: l'or, le diamant,
le platine et évidemment l'acier et l'aluminium. Les chrétiens
ont beaucoup à méditer !
En France la situation n'est pas des plus brillantes.
Nous en traiterons une nouvelle fois prochainement. Toutefois ne négligeons
pas quelques événements qui débordent un peu la gauche
socialiste, je veux parler de l'extrême gauche. Il est à ce propos,
presque amusant de constater que le P.C, avec ses quelques petits 3%, est pourvu
d'un groupe parlementaire, qu'il n'est pas -ou plus- compté avec les
extrêmes et qu'il siège avec des formations "honorables"!
Seulement voilà, comme on ne peut expliquer la mutation au bon peuple
à cause des raisons esquissées plus haut, l'ambiguïté
de la situation brouille son entendement. Soyons attentifs à ce phénomène
politique lequel rappelle, bien que dans un contexte différent, l'irruption
de Maurice Thorez à la tête du P.C. en 1930. Que de moqueries et
de scepticisme vis à vis de ce jeunot de 30 ans à la tête
d'une organisation alors jugée incertaine. Dure leçon, car nul
à l'époque n'a pris au sérieux la montée internationale
du Parti Communiste. Aujourd'hui pour des raisons souvent évoquées
ici même, dans le contexte de la mondialisation, une nouvelle fusée
prend son envol dans le ciel politique français. Comme le dit François
Sabado, le stratège de la Ligue Communiste Révolutionnaire (L.C.R.):
«Quand on possède un porte-parole populaire comme Olivier, on ne
laisse pas passer sa chance». Sabado ne prend pas au sérieux le
flirt de la L.C.R. avec le P.C., il ne sert qu'à plumer la volaille communiste.
Finalement -pense-t-on à la L.C.R- Marie George Buffet s'entendra avec
le P.S. et José Bové sera -est déjà- englué,
ainsi l'espace sera offert à Olivier Besancenot. «Si les communistes
osaient rompre clairement avec les socialistes, affirmaient qu'ils ne gouverneront
pas avec les sociaux-libéraux, commente Sabado: ... alors on pourrait
voir et renoncer à la candidature d'Olivier... Mais la L.C.R. croit maintenant
à son installation durable dans le paysage, sur une ligne de rupture
nette». "vine orchestre. Soyons attentifs. Le Trotskisme est dur
en affaires, gardons nous de l'oublier.
Chrétiens engageons-nous, on nous attend
partout. Du courage. C'est nous la révolution! La vraie, celle de l'amour,
donc celle du Royaume.
Georges Sauge