La Religion toujours d'Actualité

Lettre d’information n°1449, Samedi 25 Mars 2006


     Pas un jour ne se passe sur cette planète sans que le fait religieux ne soit concerné. Qu'il s'agisse de VEglise ou des églises, du politique ou du social, il est bien rare que la religion ne soit pas insérée dans l'événement. D'où une masse de réflexions émanant des médias, toutes catégories, commentant évidemment les faits d'une façon contradictoire. C'est le rôle de l'information de rapporter librement l'actualité de la société mondiale mais la difficulté commence justement à cause du volume des nouvelles et de l'importance qu'il convient de leur accorder. De plus, nous rigueurs de la loi et la réserve qui convient au traitement de certains sujets. Ainsi en est-il des événements récents, particulièrement des bagarres dans les banlieues parisiennes, comme des attentats commis contre flan Hahni, Benoît Savéan à Montbéliard ou le gendarme de l'île Saint Martin. Pour han, ce fut une manifestation aux multiples expressions, presse, télévision, défilés avec évocations multipliées du racisme et de l'antisémitisme. Pour les autres, rapports des crimes, mais nul cortège avec pancartes, pas d'évocations politiques ou religieuses, bref, une grande sobriété. Devant cette différence de traitement, une opinion publique, soucieuse de justice mais aussi d'équité, s'est posée la question aussi bien du racisme que de l'antisémitisme. En somme, une réflexion silencieuse mais qu'il convient de prendre au sérieux; les mouvements contenus ou rentrés peuvent, en certaines occasions, se révéler dangereux. Aussi faut-il savoir gré à Laurent Joffrin, entre autres, d'avoir traité ce sujet délicat dans le "Nouvel-Observateur" du 9 au 15 Mars. Son article s'intitule: "Trop pour lesjufs?". C'est vrai -dit Laurent Joffrin- que la classe politique et les médias ont trop parlé d'un crime et pas assez des autres. Ce crime a bénéficié d'une attention massive, au détriment des forfaits passés sous silence. D'autant plus qu'à tous ces crimes s'ajoutait l'assassinat de Chaïb Zehas, un arabe.


     Certes, la discipline du journalisme de toujours, particulièrement celle des médias modernes, est dans l'obligation de sélectionner, puis de choisir le détail, piquant si possible, qui retiendra l'attention du lecteur ou du téléspectateur. N'oublions pas également, qu'une opinion qui fait nombre ne peut pas supporter, deux nouvelles identiques et rapprochées. Ainsi deux accidents d'avions survenus à quelques jours d'intervalle ne retiennent pas la même attention, on pleure les victimes du premier, mais on ne manifeste que peu d'émotion pour le deuxième, même si les victimes sont plus nombreuses. Dans le meurtre d'Han, ce que retient l'opinion générale c'est la connotation de l'origine juive de la victime. En soi, bien sûr, rien d'anormal à une manifestation contre l'antisémitisme; l'antisémitisme est chose dangereuse, mais le bon peuple estime aussi que tous les "anti" sont exécrables, tels l'islamophobie ou l'anticléricalisme chrétien. Ce qui choque beaucoup à ce propos, c'est justement la différence de traitement des "anti". Quand des églises sont incendiées, quand des chapelles sont souillées avec "peinturlures" insanes, quand le chefd'oeuvre, classé monument historique, de Ploërmel est sinistré et détruit, quand la cathédrale de Besançon est incendiée deux fois de suite, plus grave, quand de nombreux assassinats de religieux chrétiens sont perpétrés dans le monde... seulement quelques entrefilets émus, quant aux incendies leurs causes sont évidemment accidentelles!

     L'inconvénient -ou l'injustice- lorsque l'on s'avise d'énumérer ces exactions, comme je le fais par ces lignes, est que l'on passe pour un antisémite ou pour un membre du Front National. La susceptibilité de certains milieux religieux est telle que, par prudence, pour ne pas ajouter aux tensions sociales toujours possibles, on choisit de se taire, évêques et prêtres prônant la réserve. Aussi, remercions encore Laurent Joffrmn qui écrit: «La bonne réaction, on en conviendra, consiste dans ce cas, non pas à refuser sa solidarité aux juifs, mais à l'étendre aux autres minorités, sauf à tomber dans cette malsaine "concurrence des victimes"». Autrement dit, ce sont les termes racistes et antisémites qui finalement déclenchent plus l'indignation que le crime odieux contre la personne. Cette disposition partisane ne peut être partagée par une saine opinion publique.


     La réflexion populaire va même plus loin, dans bien des cas, elle redoute qu'une permanente et trop bruyante dénonciation de l'antisémitisme, ne provoque une réaction contraire au but visé. De même, beaucoup sont très chagrinés d'entendre parler de persécution des juifs dans notre beau pays de France, alors que tout un chacun peut apprécier dans bien des milieux, les talents apportés par des juifs à la communauté nationale, en leurs variétés riches et précieuses. Que le dialogue entre juifs et chrétiens soit donc l'occasion de mieux se comprendre et d'apaiser de par! et d'autre, des incompréhensions malheureuses. N'oublions pas non plus, que partout dans le monde, une certaine stratégie, issue et continuée par les milieux Marxistes, s'efforce de présenter le racisme antisémite comme seul ennemi du genre humain. Pendant que l'opinion mondiale dénonce le seul racisme, elle oublie et exonère le communisme des massacres -crimes contre l'humanité- qu'il a perpétrés partout où il a sévi. Ces crimes ne furent jamais jugés et, récemment encore, Poutine a refusé avec hauteur, au Conseil de l'Europe, toute allusion à ce qui n'est, selon lui, qu'affreux mensonges.


     Si le dialogue est précieux entre juifs et chrétiens, il l'est aussi avec l'islam. Personnellement, si je suis en accord complet avec ce dialogue, je n'en ai pas moins une grande inquiétude de sa généralisation à tous les niveaux et de la faible préparation des chrétiens à ces rencontres. Certes il est mal d'être pessimiste, mais il faut aussi être réaliste. On peut reprocher à d'autres d'être quelque peu turbulents, à l'inverse, j'avoue souhaiter -et je ne suis pas le seul- de la part des chrétiens quelques onces de fierté manifestées publiquement. On ne peut se cacher les difficultés que rencontre l'Islam de notre temps, car cet Islam de bon aloi, pratiqué par des gens honnêtes, est digne de respect, il a tout à gagner d'un dialogue avec les chrétiens. Le problème est que cet Islam est encadré par l'Islamisme violent, luimême orienté par des forces, pour l'instant obscures, lesquelles comptent sur un islamisme destructeur des valeurs de "l'occident des croisés", afin de prendre la suite de cette conquête. Je me méfie de la force efficace des minorités agissantes, elles peuvent transformer des milieux pacifiques en foules conquérantes. Sous le titre: «L'Islam peut-il changer?» un livre vient de paraître d'Adonis et Ninar Esber. Le père, poète et écrivain arabe, répond aux questions de sa fille Ninar: ses réponses sont révélatrices: «Les intellectuels arabes qui ont voulu la laïcité ont perdu leur combat. Pour une raison essentielle, c'est que dans l'Islam, la religion n'est pas seulement une question de foi, mais également une façon de vivre»... «La révolution, ça ne s'invente pas comme ça, il faut un milieu qui puisse la porter». Pour une sorte d'aggiornamento -si la chose est possible- il faudra du temps: «peut-être cinq cents autres années», déclare Adonis Esber. Cette lecture est impressionnante et invite à la réflexion.


     En manière de conclusion à ces problèmes délicats, gardons à l'esprit que, si c'est d'abord par la prière que l'homme combat, c'est Dieu qui donne la Victoire.

Georges Sauge

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