Pâques: en pleine effervescence politique

Lettre d’information n°1456, Samedi 21 Avril 2007


     Il est Ressuscité! Alleluia! Que chaque baptisé le dise et le vive mais aussi qu'il le proclame publiquement. C'est le message apporté par le Christ, le Fils de Dieu, à la terre. A la terre qui a vu la création de l'homme, une créature si belle et si originale que les Anges ont admiré cette oeuvre, peut être au terme d'un combat grandiose déroulé dans les Cieux. Plus fort encore dans la geste de Dieu: Sa propre Personne incarnée dans la chair de l'homme; cet homme pleinement Dieu et pleinement Homme qui mourut sur la Croix. Mis au tombeau, son corps attendait les ablutions rituelles mais quand les femmes fidèles eurent roulé la pierre afin d'entrer dans le tombeau, elles constatèrent que le corps n'y était plus. Effrayées et paradoxalement joyeuses, elles coururent avertir les apôtres de cette stupéfiante disparition. Ceux-ci accoururent et le disciple "que Jésus aimait" Jean, arriva le premier; il était jeune, Pierre essoufflé le suivait mais Jean laissa Pierre entrer le premier -les apôtres avaient bien compris la Mission de Pierre- ils pénétrèrent et virent le linceul et les bandelettes, aussitôt ils crurent.


     Le message que le pape vient de prononcer pour Pâques, n'est pas une pieuse exhortation lancée par un personnage à la crédibilité discutable, mais par l'homme le plus apprécié dans le monde entier; celui qui rassemble des foules de plus en plus nombreuses sur toute la surface de la planète: C'est le pape, gardien de la Parole vivante, le seul mandaté par Dieu pour dire la Vérité à toutes les nations. Le successeur de Pierre, Benoît XVI, parle solennellement en bénissant l'humanité Urbi et Orbi, pour lui dire que Christ est Ressuscité et que cette annonce peut sauver le monde entier de la terrible menace qui déjà le paralyse. N'ayez pas peur, répète Benoît, pas peur de l'Evangélisation. Car l'Evangélisation n'est pas une activité privée et de ce message dépend le salut du monde.


     C'est un fait, Pâques est fêté, une fois encore, dans l'effervescence mondiale, car la France, en plein affrontement électoral, participe aussi au remuement terrible et plus encore dramatique qui secoue le globe. Contrairement à ce que prétendent, chez nous, certains candidats, c'est la religion qui est première. Pour le croyant logique et conséquent la foi en un Dieu Créateur ne peut être que supérieure à toutes les autres valeurs. Pour le croyant, l'option politique -donc le choix d'un candidat- est dicté d'abord par l'impératif religieux; c'est cet impératif qui détermine l'attitude de l'homme du Livre.


     Les questions fondamentales que soulèvent les sujets touchant à la vie, à la famille, à la contraception, à l'homosexualité, à l'adoption et bien d'autres aussi essentielles, ne peuvent être négociables. Si en dépit des efforts effectués par des croyants, les lois leur sont non acceptables ils subissent dans la peine, ce qui ne les dispense nullement de lutter courageusement contre une législation contraire tant aux lois naturelles qu'à celle, fondamentale et éternelle, de Dieu. Ce ne sont ni une majorité, ni un pouvoir qui définissent la morale. Il appartient donc aux chrétiens, comme le souhaitent et le demandent le pape et les évêques, de prolonger la prière de l'Eglise afin de nourrir la politique de la Vérité qui délivre. Les catholiques, engagés dans les formations politiques, syndicales ou toutes autres expressions sociales, doivent être solidaires et avoir conscience que leur engagement suppose de leur part, l'apport fondamental à toute civilisation. Cette attitude n'empêche pas, bien au contraire, de recevoir des valeurs pratiquées dans des milieux même réputés hostiles. La camaraderie, comme l'amitié, existent et se partagent en toutes occasions. Positions difficiles, certes, mais pas impossibles à qui a reçu une formation sérieuse tant religieuse que politique. Les racines chrétiennes existent, et pas seulement en Europe, comme le constate un évêque français, l'important consiste à les arroser à condition, bien sûr, d'avoir non seulement un arrosoir, mais de l'eau ....


     Les chrétiens se doivent aussi de s'engager en politique au plus haut niveau. J'ai entretenu récemment nos lectrices et lecteurs du problème, complexe certes mais urgent, que j'appelle quelquefois la métapolitique. Car, personnellement, comme beaucoup de français, je souffre de l'envasement de nos débats à l'occasion de l'élection présidentielle. On comprend aisément que les victimes de maux tels que pauvreté, solitude, faim ou errance, réclament leur nécessaire, ou que les problèmes impératifs de société intéressent tous les citoyens conscients. Mais enfin la campagne ne décolle pas, où en serons-nous en mai? A cette allure on va bientôt disserter sur le prix des oignons! La situation mondiale n'est pratiquement pas abordée, celle de l'Europe gêne tous les candidats, l'environnement qui s'impose par l'écologie, concocte notre futur peut être plus proche que notre optimisme affecte de le considérer et, bien sûr, la menace des idéologies déjà évoquée dans notre éditorial cité plus haut (lettre d'Information n° 1453) continue de peser lourdement sur nos lendemains -qui s'en occupe? Il ne s'agit pas pour nous de rabâcher un sujet qui nous tient à cour à la manière d'un tic ou d'une obsession. Mais la Menace idéologique que l'on croyait morte est, pour notre malheur, bien vivante. Ce qui est grave, nous ne le répéterons jamais trop: c'est que notre vision est borgne! Applaudir au rappel incessant et presque lancinant du fascisme, du racisme et de l'antisémitisme est plus que bien, vital et nécessaire. Mais si nos deux yeux sont ouverts, ils discernent l'autre versant du Mal. Pie XI avait adressé en son temps deux Encycliques et non une seule. Une contre le racisme nazi d'Hitler, et l'autre contre le communisme. Or c'est le danger raciste qui est toujours dénoncé au seul profit du Marxisme actuellement en mutation vers le Trotskisme. Comme nous l'avons souvent expliqué, le Marxisme constatant l'échec dû aux circonstances historiques depuis la dernière guerre de 1940, abandonne la stratégie "du bloc" comme tremplin de conquête mondiale. Ce qui fut la base Léniniste dite Bolchevique est dépassé. Les conditions actuelles obligent "l'appareil" comme le nomme imprudemment "le vieux bolcho" Maxime Gremetz à passer à la stratégie de la Révolution permanente mondiale pronée par Trotski. Aussi les anciennes "courroies de transmissions" limitées aux milieux sociaux, sans rien abandonner, cèdent la place à la nouvelle courroie: le capitalisme. Le communisme va tenter de précipiter la réussite dictatoriale du capitalisme.


     Rendons ici hommage et profond respect, comme le font aujourd'hui journaux et revues à François Furet, cet historien et écrivain mort il y a dix ans. Elu à l'Académie Française, ayant de la vie et de l'histoire une expérience précieuse, il a succombé accidentellement. En plus de projets concernant son oeuvre historique, il préparait la préface de l'ouvrage -au moins aussi puissant que les livres de Soijenitsyne- intitulé: "Le livre noir du communisme" publié sous la menée de Stéphane Courtois. "Le livre noir du communisme" dénonce l'effroyable conséquence historique engendrée et exécutée par cette idéologie. Des centaines de pages résument le massacre, la torture et surtout, l'invention infernale qui consiste à changer la pensée d'un homme et dénaturer sa personne, ainsi que l'art diabolique de dépasser l'individu afin de séduire les masses. La même idéologie que le Nazisme, les mêmes résultats, mais très supérieurs en nombre. Aussi, par sa connaissance approfondie et honnête du sujet, il aida à démarxiser les réflexes dus à l'ignorance. Ce qui m'étonne, c'est l'article paru dans: "La Croix" du 29 mars 2007, un article louangeur de Monsieur Pierre Gremion, sociologue, qui déclare, en résumé, que quelqu'un comme François Furet qui a connu le communisme de l'intérieur a une supériorité par rapport à ceux qui n'y étaient pas passés. Cette déclaration me surprend: comment des intellectuels rompus à la compréhension de nombreuses doctrines ou théories n'ont pas discerné la vraie nature du communisme. Que "l'Université bourgeoise" n'ait pas étudié la dialectique Marxiste dans son essence et surtout son intention finale, voilà qui est déconcertant, et rend coupables par ignorance les intellectuels des années 1940. L'intention première de cette théorie est, par le sens de l'Histoire, de rivaliser avec la donnée Eschatologique du christianisme. Comme le dit Benoît XVI: "1 'Europe risque d'être mise en congé de l Histoire" en ignorant ses racines chrétiennes.

     Alors, seules la foi et l'unité des chrétiens sauveront le Monde.


Georges Sauge

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